#Balancetonporc

J’aborde aujourd’hui un sujet bien moins léger (j’avais prévenu) mais qui me touche plus que je ne l’aurais voulu.

Tout a commencé il y a quelques semaines lorsqu’une affaire « de people » a éclaté dans la presse. Une affaire d’agressions sexuelles, de viol, d’abus de pouvoirs… bref, j’avoue avoir été relativement indifférente à tout ça. En fait, à la fois touchée, et blasée par ce que pfff après tout c’est loin d’être la première histoire du genre : un homme qui a de l’argent, et donc du pouvoir décide que ça lui permet de disposer du corps des femmes comme bon lui semble.

Et puis les témoignages se sont multipliés.

Et puis d’autres personnalités ont été accusées.

Et puis ce sont des anonymes qui ont décidé de témoigner.

Et alors je me suis baladé sur Twitter, Facebook,… et j’ai lu. J’ai lu tout ces affreux témoignages d’agressions du quotidien, d’intrusions plus ou moins poussées dans nos vies, à nous les femmes. Et, finalement, sans même m’en rendre compte, je sentais une rage monter en moi, car, souvent, trop souvent, je me suis reconnue.

Je pourrais parler de ce mec qui a jugé bon de poser la main sur ma hanche dans l’escalator et qui a tenu à me suivre jusqu’à mon RER après que je lui ai lancé un regard noir et dégagé sa main. Je pourrais parler de ce gars qui m’a engueulé par ce que je n’avais pas voulu lui répondre alors qu’il avait déjà la main sur ses parties intimes quand il me disait « tu es charmante ». Je pourrais aussi parler de tous ces hommes qui vous soufflent littéralement des mots doux à l’oreille quand ils vous croisent.

Mais en fait je préférerais parler de ces hommes qui m’ont d’abord dit bonjour avec un sourire sincère. De celui qui m’a gentiment proposé un café. De celui qui m’a demandé quel était le meilleur chemin pour avoir mon numéro de téléphone. De celui qui m’a juste dit « excusez moi, je ne veux pas vous embêter mais je vous trouve très belle ». Et surtout de tous ces hommes, qui après avoir essuyé mes « non merci, pas intéressée », m’ont répondu « bon, passez quand même une bonne journée ! ».

Au final, ce sont ces derniers que je retiens. J’ai la chance de ne pas avoir vécu d’agression plus violente ou marquante que celle que je cite. Et en écrivant ces mots je me dis que ce ne devrait pas être une « chance ». Ça devrait être la normalité.

Je voudrais aussi m’adresser aux hommes. Même si ce que j’écris n’a pas une grande portée, j’ai besoin de l’écrire.
Ce combat que nous devons mener au quotidien dans la rue, dans les transports, au travail, ne sera pas le même si vous vous impliquez vous aussi. Ce n’est pas un sujet féminin, c’est un sujet de société. Je me doute que cet amoncellement de témoignage a quelque chose de lassant mais, s’il vous plaît, ne vous réfugiez pas derrière votre non culpabilité.
Vous n’agiriez jamais comme ça ? TANT MIEUX.
Mais si vous voyez quelque chose qui se passe : AGISSEZ.
Si votre femme/mère/soeur/fille vous raconte ce qui lui est arrivé : mettez vous à sa place, imaginez ce que vous ressentiriez si on touchait à ce point à votre intimité sans votre consentement.

Aussi, j’entends souvent dans mon entourage masculin des remarques du genre « Alors ok maintenant on n’a plus le droit de vous aborder ? On fait comment pour draguer une fille qui nous plaît dans la rue ? » Je pense que la meilleure réponse que j’ai trouvé est « tu voudrais que l’on parle de quel manière à une fille de ta famille ou de ton entourage ? » : du respect, de la politesse, et un petit sourire pour parfaire le tout.
Elle te dis non ? pas grave, passe à autre chose. Elle n’est juste pas intéressée par toi, ça ne joue en rien sur ton pouvoir de séduction ou ta virilité.

C’est en grande partie à cause des réactions négatives que j’ai lu (et malheureusement pas seulement de la part d’hommes…) que j’ai décidé de ne finalement pas participer à ce hashtag sur mes réseaux personnels. Je profite donc d’avoir cet espace où je peux m’exprimer pour développer un peu plus ce que je pense et être bien claire quant au fait que oui j’ai vécu des situations gênantes, mais que non, tous les hommes ne sont pas comme ça.

Je ne sais pas comment les choses évolueront. Elles doivent évoluer mais changer une société ça prend du temps, trop de temps. Alors il nous appartient à tous et toutes d’y mettre notre grain de sel pour que peut être, un jour, on n’ait pas toutes une histoire à raconter.

 

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